Eglise Saint-Roch

Église Saint-Roch de Bouchanières
Bernard Graille Bouchanie%CC%80res

Situation:

L’église de Bouchanières dédiée à Saint-Roch et à Saint-Macaire est située en pleine campagne, sur un versant exposé à l’adret . Positionnée à mi-chemin des hameaux des Lyvons et des Hivernasses, elle occupe une position dominante face à la vallée.

Historique :

La construction de l’église de Bouchanières est estimée au XVI ème ou XVII ème siècle et celle du clocher aprés 1801 . La date de 1822 est gravée sur la clef du linteau de l’entrée.

Architecture :

En 2011, l’église a fait l’objet d’un important programme de rénovation mis au point et réalisé par les artistes Caroline Challan Belval et Patrice Giuge, assistés de l’artisan maçon Manuel Mouzo . Les travaux ont porté essentiellement sur la recomposition de la façade sud et sur les décors intérieurs de style baroque.

Extérieur

Extérieurement, l’édifice se présente sous la forme d’un grand bâtiment coiffé d’une toiture à deux pentes en bardeaux de mélèze, flanqué :

  • au nord-est d’une petite extension qui abrite la sacristie
  • au sud-est d’un clocher carré surmonté d’une petite pyramide ,elle aussi, en bardeaux de mélèze . La façade Sud est enduite. Sur les autres façades, il ne reste pratiquement rien d’un enduit général probablement mis en œuvre au XIXème siècle. L’appareil de pierres est apparent, laissant voir les joints de teinte rose, préparés avec un plâtre provenant d’un four local.

La façade sud est ornée d’un cadran solaire, d’un encadrement de porte en pierres grises taillées, d’une niche perchée sur le linteau et enfin d’une petite fenêtre. Cette façade a été rénovée en 2011 .

A 50 mètres se trouve le petit cimetière ceint d’un mur en pierres du pays . Ce dernier est coiffé, sur toute sa longueur, d’ une couverture en bardeaux de melèze.

Intérieur

Le plan intérieur de l’église est constitué d’une nef en berceau flanquée de deux chapelles latérales opposées évoquant un transept. Au nord, le chœur, surélevé de 45 centimètres, est orné d’un maître autel monumental datant probablement du XIX ème siècle. Une corniche moulurée marque la séparation entre les murs de l’église et la voûte . Elle se prolonge tout le long des murs latéraux et sud et n’est interrompue que par la fenêtre sud . Elle inclut les chapiteaux de style ionique. La corniche supporte six lunettes formées par un arc de pénétration dans la voûte et un tympan en plein cintre . Le tympan ouest, au-dessus du choeur comprend une fenêtre . Ailleurs, des traces d’anciens décors représentent des ouvertures en forme de coquilles. La voûte est interrompue par deux arcs doubleaux en plein cintre, formant deux travées pour la nef et une travée pour le chœur, d’égales longueurs (3,15 m) . Ces doubleaux se prolongent jusqu’au sol par les pilastres qui encadrent l’ouverture des chapelles . En franchissant l’entrée, on se trouve sous une tribune qui s’avance sur la première demie travée de l’édifice . Elle est constituée par un plancher et un garde-corps en bois. On y accède par un escalier tournant très raide et étroit situé à gauche de l’entrée. La longueur totale de l’église est de 10,40 mètres . Sa largeur totale de 6,20 mètres . La hauteur à l’intrados de la voûte est de 9,92 mètres . Ces proportions de même que la corniche moulurée et les décors anciens redécouverts font de cette église un bel exemple de baroque montagnard.

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Le clocher

Le clocher à sa base comprend une petite pièce directement accessible depuis l’extérieur . Les autres niveaux sont accessibles depuis l’intérieur de l’église par une porte située à gauche de la tribune, suivie d’une échelle de meunier . Il présente quatre ouvertures et porte deux cloches avec un mécanisme d’horlogerie à deux cadrans. * une cloche de 630 mm de diamètre porte l’inscription : «Saint-Roch priez pour nous - Eugène Baudoin fondeur à Marseille 1869 » * une cloche de 590 mm de diamètre porte l’inscription : « Saint-Macaire - Parrain Mr Charles Aillaud notre Maire, Marraine Mme César Lions  Le 22 Aout 1886 » Le mouvement d’horlogerie a une histoire qui lui est propre . Il a été installé grâce au don d’un particulier, Mr Corporandy qui, par testament du 21 Mars 1905 a laissé un leg important à la commune sous réserve que les sommes correspondantes soient consacrées à l’installation de l’horloge sonnante et à son entretien. Ce leg plus que centenaire continue à être administré par quelques citoyens sous la présidence du maire.

Les usages

Bouchanières a été longtemps une paroisse secondaire disposant de son propre curé . L’église dépend aujourd’hui de la paroisse Saint Jean-Baptiste qui regroupe les communes de l’ancien canton de Guillaumes . On y célèbre les baptêmes, mariages, enterrements ainsi que la messe de la Toussaint et deux fêtes patronales :

  • la sainte Jeanne d’Arc le premier dimanche de mai
  • la saint Roch le dimanche qui suit le 16 août

A voir :

A l’intérieur de l’église :

  • les décors peints en 2011 par Caroline Challan-Belval sur les parois : L’analyse avant travaux effectuée par Caroline Challan-Belval

    et Patrice Giuge a montré que plusieurs interventions superposées antérieures ( enduits, badigeons …) ne permettaient pas de retrouver les décors initiaux sur les parois verticales . Le choix a été fait de souligner l’architecture structurelle baroque de l’église par une architecture de couleurs qui souligne les éléments constitutifs, tels les pilastres, les chapiteaux en trompe l’œil, les arcs doubleaux... Les teintes ocre rouge et ocre jaune sont inspirées des éléments de décor encore visibles derrière le maître-autel., Les chapelles quant à elles avaient conservé suffisamment d’éléments pour permettre une reconstitution au plus près des origines . Caroline Challan Belval les a ornées de bleuets et de coquelicots inspirés des traces de peintures naives d’origine.

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* les ornements de la voûte : c’est lors du nettoiement de l’intrados de la voûte que Caroline Challan Belval a remarqué des traces de frises anciennes très stylisées et d’un dessin spécifique à chacune des trois travées . Il s’agit sans doute d’un décor d’origine que l’artiste a remis en valeur dans sa sobriété mais qui lui a paru chargé de symboles : les traits fins de la première travée représentent l’espace terrestre, les rubans de la travée centrale le flux de la vie, les trois cercles concentriques du choeur la Sainte-Trinité. * le maître-autel : Le maître-autel monumental est constitué d’un tableau représentant Saint-Sébastien à droite, Saint-Roch au centre et Saint-Macaire à gauche. Il cache un décor ancien . Cet autel est accompagné de deux colonnes torses peintes en faux marbre, de couleur ocre rouge datées de 1859 et signées B...y Barocco . Il est surmonté de deux statues d’ange encadrant un tympan en relief orné du Saint-Esprit. Réalisé dans le même style que l’autel Saint-Vincent de l’église de Péone, il peut avoir été édifié par des artistes piémontais séjournant dans la région.

Un homme : Patrice Giuge

Patrice Giuge (1954-2011) Diplômé de l'École des Beaux-Arts de Paris , Professeur Territorial d'Enseignement Artistique à Nice, chargé de cours à la Faculté des Lettres et des Sciences -Humaines de l'Université de Nice Sophia-Antipolis*  et à la Faculté d'Architecture de Gênes, a réalisé de nombreuses fresques et décors d'architecture en France, en particulier dans la région de Nice. Tombé amoureux de l’église de Bouchanières il consacra deux années de sa vie à en étudier l’histoire et l’architecture afin de ne pas trahir l’esprit de l’édifice lors des travaux de réfection . Trés affecté par la maladie, une semaine avant sa disparition, il loue un véhicule à Nice, et fait seul le déplacement à Bouchanières afin de mettre à jour ses notes et recommandations. Caroline Challan Belval reprend alors le flambeau de la réalisation. * Aujourd'hui Université Côte d'Azur