L'Appel de la Sylve

L'appel de la Sylve

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1. À l’origine des forêts alpines

Squelette d'arbre sous le Ponset (2828m), au fond le Caïre de la Madone (2532m), Madone de Fenestre, Vésubie, 2 septembre 1911, Victor de Cessole. Bibliothèque de Cessole, ville de Nice.

Dès le paléolithique supérieur, l’homme fréquente les forêts alpines de manière saisonnière. La découverte et l’appropriation de ce milieu est propice à ses activités de chasseurs-cueilleurs. Les pins cembro dominent et dans les zones humides genévriers et bouleaux prospèrent avec le réchauffement de la période boréal. Des déboisements ponctuels et des activités pastorales sont attestés entre 6000 et 4500 av. J.-C, grâce aux études des pollens (ortie, plantain, centaurée noire et champignons se développent sur les excréments). Le couvert forestier de l’étage subalpin (1600-2300m) progressivement avec la présence de pin cembro, sapin, mélèze et d’aulne. Autour des lacs, les activités pastorales tendent à favoriser le passage d’un milieu argileux à un milieu tourbeux. Au IVe millénaire avant J.-C., la végétation est marquée par le déclin du sapin qui favorise le développement du pin cembro et du mélèze dans l’étage subalpin et des hêtres en contrebas dans l’étage montagnard (900-1700m). Le déboisement et le pastoralisme s’intensifient au IIIe millénaire av. J.-C. Les prairies progressent au détriment de la forêt qui atteignait des altitudes supérieures à 2500m (contre 2200m aujourd’hui) ! Les enclos pastoraux et abris se multiplient. Le feu, utilisé pour l’entretien des prairies alpines, provoque la quasi-disparition des forêts ouvertes de pin cembro et l’expansion du mélèze. Les mélèzes, contrairement aux pins qui génèrent des litières acides, apportent en perdant leurs aiguilles, calcium, magnésium, potassium, et phosphore qui favorisent le développement de la pelouse alpine. C’est pourquoi le mélèze, compatible avec le pastoralisme et les prairies de fauches a été favorisé. Aujourd’hui avec la réduction du pastoralisme et la fermeture des espaces montagnards, le mélèze tend à devenir minoritaire dans le tapis végétal alors que les sapins et les épicés croissent. C’est l’histoire des déboisements puis reboisements successifs qui ont façonné les forêts telles qu’on les voit aujourd’hui dans la région.

Mélèze subfossile découvert au lac long inférieur, vallée des merveilles, Mercantour. Découvert en 1997 lors d'une mission de recherche sur la limite supérieure de la forêt dans le Mercantour, ce bois subfossile était, avec d'autres bois, conservé affleurant dans la tourbière du Lac Long Inférieur, situé à 2000m d'altitude dans la vallée des Merveilles. C'est une section de tronc d'un mélèze (Larix decidua Mill.) d'environ 60 cm de diamètre sans l'écorce, soit un fût d'environ 3m50 de circonférence, qui a vécu pendant 362 ans comme le révèle le comptage des cernes (ou anneaux de croissance). L'aubier de 1,5 cm d'épaisseur, est intact (complet) de part et d'autre du nœud (départ de branche), ce qui permet de dire que le dernier cerne est celui de l'année de la mort de l'arbre. Dans un premier temps il a été daté par le radiocarbone (C14) fournissant une date de - 7050 +/- 85 BP (Before Present) ou 6079-5704 av. J.-C.) (Edouard, 2002 et Edouard&Thomas, 2008). C'est l'arbre le plus ancien daté dans le Mercantour. Très récemment, cet arbre a pu être daté à l'année près par la dendrochronologie sur la chronologie de référence européenne des Alpes (Nicolussi et al., 2009) : le premier cerne au centre de la section (moelle) est daté -5423 et le dernier cerne périphérique est daté de -5062, date de la mort de l'arbre. Cet arbre pluricentenaire témoigne de la présence de la forêt subalpine, forêt mâture, autour du lac et dans cette haute vallée des Merveilles, corroboré par les données palynologiques (de Beaulieu, 1977) et paléoentomologiques (Ponel et al.) dans un contexte pas encore marqué, pour cet arbre ayant vécu il y a 7000 ans, par l'impact anthropique. Il est aussi porteur de la mémoire climatique pendant sa durée de vie, enregistrée dans les variations interannuelles de se croissance radiale (les largeurs des cernes). Il contribue au corpus de données dendrochronologiques du massif constitué pour connaître les variations du climat dans le passé sur plusieurs millénaires et sur l'histoire des forêts d'altitude (Tessier & Edouard, 2010). Prêt Jean-Louis EDOUARD, chercheur CNRS honoraire, géographe et dendrochronologue

2. Les essartages au Moyen Âge

À gauche : Hache d’abattage, XIXe siècle. Provenance Rimplas. Coll. Particulière. Au milieu : Doloire de charpentier, XIXe siècle. Coll. Ange Maurin À droite : Fer de hache, fer forgé, XIXe siècle. Remarquer le rivet de renfort entre l’œil et la panne. Coll. Roudoule

Dans les Alpes, le seigneur se réservait les fonds de la vallée. Les manants occupaient surtout le flanc des montagnes, où leurs champs frôlaient la lisière des bois. Les tenures concédées aux paysans par le seigneur étaient soumises à des redevances. Elles avaient des limites définies mais il n’était pas interdit de les franchir. Sur les pentes boisées des montagnes, le tenancier avait des droits d’usage et des possibilités de conquête. Non seulement il prenait du bois dans les forêts ; mais il pouvait s’y créer un fonds de terre qui devenait un complément de sa tenure. Les meilleures terres choisies furent celles où les arbres établis depuis longtemps conservaient un humus fertile. Il fallait d’abord amonceler des broussailles, des arbrisseaux que l’on recouvrait de gazon et qui formaient autant de fours, ou fournelles, où l’on mettait le feu. Les grands arbres étaient également abattus et seules persistaient ça et là des souches calcinées. En 1314, les paysans de Thiéry et Rigaud ouvraient des clairières en toute liberté, prétendant continuer une tradition aussi ancienne que leur village. À la fin du XIVe siècle ceux de la Bollène dans la Vésubie, transformaient la forêt de la Planquette en parcelle cultivable où ils semaient leur blé et leurs légumes. Cependant, gare à ne pas empiéter sur le domaine royal. La communauté de Belvédère est lourdement condamnée en 1346. L’exploitation des essarts durait plusieurs années, mais il arrivait que les eaux de pluies ravinent les terres et ne laissent que le rocher.Longtemps, le recul des arbres fut considéré comme une victoire. Voisine des lieux habités, la forêt constituait un danger perpétuel, impénétrable au regard. Elle limitait le champ où s’exerçait la vigilance. Sa profondeur et son obscurité favorisaient les embuscades et exposait aux attaques soudaines : les bêtes sauvages se multipliaient et s’abattaient sur les cultures ou décimaient les troupeaux. Les voyageurs ne s’y engageaient pas sans effroi. Dans les grands bois qu’il fallait traverser pour se rendre d’Allos et de Colmars à Digne s’embusquaient des bandits, latrones, murtrerrii. En 1341, deux hommes, l’un d’Allos et l’autre de Seyne y sont assassinés.

_À gauche : Anonyme, Le mois de février (détail), Les Très Riches Heures du duc de Berry, 1410-1485. Musée Condé, Chantilly. À droite : Bât, bast. Fabriqué dans le Haut-Cians, sert à harnacher un âne pour le transport du bois. Coll. Roudoule

3. Une déforestation millénaire

Grandes berges ravinées dans les marnes oxfordiennes sur la rive gauche du torrent de Puget-Rostang en face du village, fin XIXe siècle. Fonds RTM.

La mise en culture de nouvelles parcelles, conséquence de l’accroissement démographique, a grandement contribuée à la disparition des belles forêts primitives. Les ubacs, peu propices aux récoltes ont été progressivement déboisés pour assurer la survie quotidienne des villageois dont une part non négligeable réside au Moyen Âge dans des forests… Les bois représentent un complément indispensable à l’unité familiale pour le bois de chauffage, la fabrication d’outils (timon d’araires, manches) et de mobiliers… Les feuillus sont émondés à la fin de l’été pour en faire des fagots de ramée. L’hiver, leurs feuilles nourrissent les bêtes et le petit bois permet la cuisson des aliments. Le buis sert de litière et de décoration lors des fêtes villageoises… La déforestation s’accélère inexorablement malgré les efforts des communautés. En 1786, la communauté de Puget-Rostang se plaint de ne plus avoir suffisamment de bois pour alimenter les fours destinés à la cuisson de la chaux, employée dans la maçonnerie. Les prélèvements sont tels dans les bois de Guillaumes que l’administration révolutionnaire les interdits. Pour les futurs contrevenants la peine doit être exemplaire : trois journées de travail ou trois jours d’emprisonnement.

Chevalet, cabro. Ce chevalet sert à couper de longues bûches à la scie passe-partout. Coll. Roudoule. Scie à cadre pour débiter du bois de chauffage. Coll. Roudoule. Chevalet et scie à cadre pour débiter du bois de chauffage. Coll. Roudoule.

4. Le bois à Guillaumes 1760-1860

Bois de Sylva Longua (n°26) représenté dans les limites des communautés de Châteauneuf-d’Entraunes et de Guillaumes vers 1715, Ad06 Ni citta e contrado, mazzo 34.

Entre 1760 et 1860, à Guillaumes la gestion des bois est assurée conjointement par l’Office de l’Intendance général Sarde et le conseil communautaire. Les coupes sont exclusivement réservées aux bois de construction. Des experts sont désignés par le conseil pour estimer le nombre d’arbres à abattre en fonction de la nature des travaux. Mais cela ne suffit pas à lutter contre tous les abus. Le 14 juin 1787, un habitant est découvert au bois d’Amé en train de scier des plants de mélèzes. 28 mélèzes et 7 pins ont été abattus alors que la coupe autorisée se limitait à 12 mélèzes et 6 pins !

Le conseil consent généralement à des coupes gratuites en cas d’atteinte aux biens. À Guillaumes, neuf habitants du hameau de Villetalle sont autorisés à couper en urgence 45 mélèzes et 63 pins pour reconstruire leurs demeures incendiées en mars 1810. Des misérables dont les maisons se sont écroulées sont gracieusement autorisés à prélever des bois pour les réparer. Les élus se soucient de préserver leurs espaces forestiers et leurs régénérations. Quand ce n’est pas une chute de blocs de pierre ou une avalanche qui endommage les bois, c’est les bêtes à laine et les chèvres en surnombre qui érodent les massifs. Les troupeaux de chèvres sont si ravageurs que les élus supplient l’intendant général Sarde de limiter leur nombre à trois par habitant. Pour empêcher la divagation des troupeaux transhumants dans les bois et faciliter l’accès aux pâturages réglementés, des chemins dédiés suffisamment larges : (des drailles), canalisent les troupeaux. Et comme cela ne suffit pas les élus interdisent les coupes pendant 15 ans et les usages courants dans certaines forêts communautaires en imposant la mise en défens. Des quartiers sont mis en réserves afin de devenir des forêts. D’autres sont ensemencés en glands chênes et ormes pour contenir les terres où se forment des ravines qui causent des dommages considérables.

Détail de l'incendie de Guillaumes, 1682 par Jean Ardisson. Cliché M. Graniou.

5. L’appât du gain

Troncs devant être débardés, Haute-Tinée, fin XIXe siècle, Fonds Bérard, musée du Palais Lascaris, ville de Nice.

« Si l’on considère l’état de paupérisation auquel les coupes précédentes ont déjà réduit les forêts des Alpes-Maritimes, l’insouciance des conseils communaux ou pour mieux dire leurs répugnance à seconder l’administration forestière, toutes les fois qu’elle propose des reboisements, l’égoïsme des propriétaires influents qui tend sans cesse à augmenter les pâturages et enfin la destruction presque complète des bois particuliers depuis que le règlement en vigueur leur en a laissé la libre disposition, on ne peut contester la crainte qu’en continuant ces prodigalités, la Province ne finisse par épuiser toutes ses ressources et la ville de Nice ne soit grandement compromise pour sa propre consommation qui augmente tandis que les bois diminuent. » Durante, Mémoire sur les coupes de bois, 1847, AD06

Dans la première moitié du XIXe siècle, les communautés contraintes à de lourdes contributions financières imposées par l’administration sarde pour la construction de la route de la vallée du Var et ou la construction de ponts s’endettent lourdement. Les bois de Guillaumes sont fortement mis à mal. En 1838, c’est 6126 pins qui sont abattus dans le bois communal d’Amé. En 1858, 701 mélèzes. Parallèlement les besoins croissants de bois de construction et de chauffage pour des villes du littoral, incitent les propriétaires de bois privés, par l’entremise de négociants en bois peu scrupuleux à vendre. En 1850, Paulin Pons, originaire de Puget Rostang organise le flottage sur le Var d’une coupe de bois de construction provenant du vallon d’Amen de 200 travées pour le compte de plusieurs propriétaires.

_Ramassage de grumes près du Var, Abaris de Beaumont, 1787, extrait du Voyage pittoresque, Collection bibliothèque de Cessole, ville de Nice._

Sapin. Coll. Roudoule. Le sapin sert à récupérer les troncs lors du ramassage.

Les voleurs sont lourdement punis à l’instar de Joseph Toche condamné à 84 livres d’amendes et 25 jours d’emprisonnement pour avoir couper 54 mélèzes dans la forêt de Buserche. Mais rien n’y fait. Dans les bois communaux les souches témoignent du pillage sans vergogne. À cela s’ajoute l’augmentation du nombre d’ovins dans le comté de Nice, 17220 bêtes traversent les territoires de Guillaumes et de Villeneuve-d’Entraunes en 1674 pour se diriger vers la Haute-Tinée avec les dégradations qui s’en suivent. En 1890, M. Hallauer, inspecteur des Eaux et Forêts dresse un constat alarmant : « Les tristes pâtures des Alpes-Maritimes, dont l’étendue totale est de 180000 ha environ, sont parcourues chaque année par 102 000 moutons indigènes et 30 000 moutons transhumants qui passent l’hiver en Crau et qui, par raison spéculative, ont commis jusqu’à présent et continuent à commettre encore la plus grande partie des dégradations que nous avons sous les yeux… On peut affirmer que, dans ce département, les moutons transhumants ont été l’une des causes les plus efficaces des ruines de nos montagnes, car ils sont toujours en surnombre. »

Scies passe-partout, loubo, Troupeliera, 1re moitié du XXe siècle. Coll. Roudoule

Exploitation forestière dans la vallée de la Vésubie, vers 1890. Fonds Andreani, collection Bibliothèque de Cessole, Ville de Nice

6. Un siècle de reboisement

Carte des périmètres de reboisement des Alpes-Maritimes. Fonds AD06.

Devant l'aggravation des espaces montagnards, notamment l'état du sol et les dangers qui en résultent pour les terrains inférieurs, le Second Empire promulgue la loi du 27 juillet 1860 qui consacre le début de travaux de restauration des terrains en montagne. La loi met en place des secteurs obligatoires de reboisement et le subventionnement de périmètres facultatifs sur les terrains communaux. Il s'agissait de lutter contre la déforestation et l'érosion des terrains. De graves inondations dans les Alpes en 1856 et 1859 ne furent pas étrangères à son vote.

Ubaye, Méolans, ensemencement sur la neige, 25 juin 1894, M. Sardi. Fonds AD04.

La Roudoule d’ailleurs n’est pas en reste. Puget-Théniers, lors de violents orages subit les assauts tumultueux du torrent qui envahit régulièrement la place et atteint parfois le premier étage des habitations. L’inspecteur des Eaux et Forêts Hallauer souligne qu’ « au moment des orages ce torrent précipite dans le Var de la boue, des graines, des cailloux, des blocs rocheux qui ressemblent à une charge d’artillerie quand ils traversent Puget-Théniers. »

Brancard pour forestier. Fabrication artisanale, ce brancard sert à transporter de jeunes plants d’arbres destinés au reboisement. Provenance Puget-Rostang. Coll. Roudoule. Servante. Acier, bois de pin. Sert à transporter les plants lors du reboisement. Coll. Roudoule, don Office National des Forêts. Dame à fouler. Sert à damer le sol après une plantation. Provenance Puget-Rostang. Coll. Roudoule.

La loi fut très impopulaire auprès de certaines populations locales atteintes dans leurs ressources essentielles par les restrictions mises au pâturage. En 1864 est promulguée la loi du 8 juin qui substitue le plus souvent possible le gazonnement au reboisement pour ménager les intérêts pastoraux. En avril 1882 naît la loi sur la restauration et la conservation des terrains en montagne stipulant la création généralisée de périmètres de reboisement. Les travaux outre les plantations et la création de pépinières, comprenaient le fascinage des talus, des barrages de retenues, la rectification et le curage des lits des grands ravins. Non sans difficulté pour établir les périmètres, les travaux débutèrent en 1889 à La Croix-sur-Roudoule et en 1894 à Puget-Rostang. Entre 1885 et 1914, ce furent 15000 hectares reboisés dans les Alpes-Maritimes.

À gauche : Hache à marquer les arbres. À noter que le sceau a été limé pour qu’elle ne puisse plus servir à marquer des arbres à abattre. Provenance Office National des Forêts. Coll. Roudoule. À droite : Garde-manger de forestier. Provenance Puget-Rostang. Coll. Roudoule.

Saint-Etienne-de-Tinée, ouvriers travaillant au reboisement aux environs du col de Pal, début XXe siècle. Fonds Muraire

une ou deux photos de Puget-Rostang avant après

7. Les pépinières

Pépinière de la Perdighière, fin du XIXe siècle. Fonds RTM. Pépinière et canton de la Perdighière, avril 1942. Fonds RTM.

« Ces nouvelles pépinières seront établies sur les parcelles de terrains qui étaient cultivées avant leur acquisition par l’État et qui sont d’assez bonne qualité : elles seront à proximité de nos baraques forestières dites baraques de la Chaise et de la Grossière. Ces deux baraques possèdent chacune une citerne, les semis pourront recevoir quelques arrosements pendant l’été. Le sol après avoir été défoncé et légèrement fumé sera ensemencé comme il est prévu au devis, partie en graines de résineux partie en graines de feuillus ». Rapport de brigadier domanial en 1897

C’est à l’ingénieur Eaux et forêts Prosper Demontzey que l’on doit les pépinières. Après des tentatives infructueuses de semis il élabore lors du reboisement du Mont Boron à Nice une nouvelle méthode de plantation. Les plants poussés en pépinières âgés de 2 à 3 ans sont introduits en forêt et sont plantés à raison de 2 ou 3 en potets de 40cm de profondeur. Les potets sont disposés en quinconce et espacés de 1,5 à 2m. Un hectare nécessite la préparation de 3500 à 4000 potets.

Portrait de Prosper Demontzey. Ingénieur français des Eaux et Forêts, né le 21 septembre 1831 à Saint-Dié-des-Vosges et mort à Aix-en-Provence le 21 février 1898 c’est l’instigateur du service de la Restauration des terrains en montagne au sein de l’administration des Eaux et Forêts. Il a grandement contribué au reboisement massif des Alpes du Sud.

Dès 1864 on comptait 500 pépinières sur 350 hectares de terrain et les premiers reboisements étaient engagés notamment dans le Ventoux, le Lubéron et à Nice, le Mont Boron. Celles de la vallée de la Roudoule sont plus tardives.

photo baraque de la Chaise avant/après

8. La « vidange » des grumes

Débardage à cheval, Annot, Haute-Provence. Fonds ONF.

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’évacuation des grumes, si elle ne se fait pas par flottage est assurée par débardage. Lorsque la configuration du terrain le permet, les billons sont traînés sur des chemins spécialement aménagés, « les tires », par des bœufs ou des mulets. Quand les massifs sont très difficiles d’accès, les arbres sont directement débités sur place en produits semi-fins et ces derniers sont acheminés vers Nice à dos de mulets, jusque sur les chemins carrossables où les charrettes prennent le relais. À défaut, ils sont lancés au moyen de glissoirs jusqu’au bord des torrents dans lesquels ils sont précipités. Dans les années 1960, le tracteur à chenillette couplé aux pistes remplaça les chevaux. Aujourd’hui le débardage par treuil domine. « Cargaaaaa…ooooo…! L'appel vient d'en bas. Il remonte la pente rude du vallon. Il glisse entre les troncs des mélèzes, dans l'air raréfié de la montagne. Le vallon c'est comme une tranchée dans la terre, une saignée franche dans le moutonnement vert de la forêt. Le vallon, pour les bûcherons c'est aussi le chemin naturel d'évacuation des troncs abattus : on les jette d'en haut, on les récupère 500 m plus bas. Souvent les billes s'arrêtent en route. Tout le fond de ce canal est recouvert de rondins énormes, disposés comme un grossier plancher de géants. Là-dessus, les troncs que l'on bascule glissent comme des express. Claude Mercadié, « Bûcherons et forêts des monts du silence », Nice Matin, 17/08/1960

Débardage en camion coins à anneaux et crochet d'ammarrage

9. Le flottage

Flottage sur le Var aux environs de Guillaumes, 1905.

Dans les zones forestières montagneuses du Haut-Var, le transport du bois se fait par flottage. Les troncs sont traînés près du fleuve et l’on profite des pluies d'automne et surtout de la fonte des neiges pour les vidanger. C’est une pratique ancienne attestée depuis le Moyen Âge. Au XVIIe siècle, Louis XIV facilite la tâche en ordonnant de désenclaver ce « vilain torrent » dont les rochers entravent la circulation des bois abattus pour sa marine. Dans les tronçons les plus larges, aux abords de Puget-Théniers et de Saint-Martin-du-Var, le flottage en radeau guidé par des hommes est préconisé au XIXe siècle pour ménager les berges. Les coupes proviennent du Val d’Entraunes et des bois d’Amen où le pin laricio et le mélèze dominent. Ce commerce profite à des négociants niçois qui les revendent pour la construction et le chauffage. Le bois qui parvient à destination, après les pertes et les rapines des riverains, est fortement déprécié du fait des chocs reçus. La quantité compense : en 1837, le négociant entrevalais Massot convoie 20000 poutres, 20000 solives et 20000 planches ! Les convoyeurs doivent obtenir un permis de flottaison. Les conseillers de Puget-Théniers le refusent à plusieurs reprises malgré des dépôts de garantie car les bois flottant à bûches perdues occasionnent d’importantes dégradations aux rives, accentuées par les crues du Var. Ils considèrent que « ce mode de transport est entièrement au détriment des pauvres propriétaires de l’agriculture et du cadastre, de tous les pays riverains des fleuves en faveur de la spéculation de quelques personnes seulement ». Le flottage est encore attesté sur le fleuve au début du XXe siècle. Ravageur pour les ouvrages d’art de plus en plus nombreux, nécessitant beaucoup de main d’œuvre pour le convoyage, de la perte en cours de flottage et d’importants dépôts de garantie, il est progressivement abandonné au profit des transports ferroviaires et routiers plus sûr.

Barrage pour le flottage du bois, Vallon de Chastillon, Tinée, 23 mai 1899. Cliché Victor de Cessole. Coll. Bibliothèque de Cessole Sapin et perche de flotteur

10. Les câbles forestiers

_ phpto du câble avec les ouvriers, photo du câble en place_Départ de câble forestier, Haute-Tinée, Fonds Berard, musée du palais Lascaris, Ville de Nice.

Les câbles forestiers ont été utilisés à grande échelle entre les années 1930 et 1960. Le métier de câbliste était surtout maîtrisé par des Italiens, qui ont apporté leur savoir-faire. Les entrepreneurs français les recrutaient à Milan. C'est ainsi qu'Antoine Pignato est arrivé en 1956 à Entrevaux. Il avait appris son métier dans l'entreprise de son père, dans les montagnes de Calabre. L'installation d'un câble forestier était complexe. Elle nécessitait au minimum un mois et demi pour un câble de 3km et autant d'hommes que de moyen. Entre 1940 et 1960, trois câbles forestiers ont été installés au Bois du Gourdan, entre Puget-Théniers et Entrevaux. Une fois le site choisi, on procédait à l'alignement au moyen de piquets ou de tissus accrochés aux cimes des arbres. Puis, on coupait toute la végétation susceptible d'entraver le bon fonctionnement du câble forestier. Ensuite il faut tirer les différents câbles qui constituent le câble forestier. Les câbles porteurs mesuraient au minimum 2km de long. Pour éviter de couper les câbles l'entrepreneur recrutait tous les propriétaires de mulets des environs. Le câble était enroulé de part et d'autre du bât pour constituer une charge proche des 80 à 100kg. Puis à 3 mètres de là un homme portait en bandoulière une section de 30 à 40kg, suivi d’une mule et ainsi la chaîne se poursuivait pour amener au sommet les câbles. Ce travail harassant est très douloureux du fait des frottements qu'il occasionne. Les hommes construisaient un premier portique de bois pour maintenir le câble à 4 mètres de hauteur. Après, les portiques se succédaient tous les 150 mètres ou plus. La tension du câble se faisait au moyen de jeux de poulies (les moufles). Pierre Trévia employait une camionnette chargée de pierres pour tendre le câble. Celle-ci finissait par s'arrêter en se cabrant ! Les grumes étaient fixés sur des poulies à crochet qui roulent sur le câble porteur. On débardait environ 40m3 dans une journée. Cela dépendait si les hommes étaient payés à la journée ou à la tâche. Avec la modernisation des techniques le débardage par câble aérien est de nos jours plébiscité.

Portique de câble forestier, Haute-Tinée. Fonds Berard, Palais Lascaris, ville de Nice.

11. Bûcherons

Bûcherons dans la vallée de la Vésubie, 1er quart du XXe siècle. Coll. AMONT.

Le bûcheron est un personnage quasi-mythique, homme des bois, le sylvester est un homme à la marge. Rude par sa vie et ses mœurs, il travaille en petite société et cultive la solidarité, vertu nécessaire en forêt. Vivant isolé ou presque durant de longues semaines, il participe aux sociabilités villageoises lors des fins de chantiers ou des fêtes religieuses. Il peut être originaire du village mais la plupart du temps ce sont des Italiens migrant pour la saison à l’occasion de l’ouverture des chantiers de coupe. C’est ainsi que Félix Pignato, à Entrevaux obtient ses premiers contrats de saisonniers au début des années 1950. À l’époque en Italie, il n’y avait pas trop de travail, et on avait des amis, qui nous ont mis en contact avec ce patron. On avait toujours l’espoir d’immigrer… Le travail était très dur et l’on gagnait pas beaucoup. On travaillait dans le bois du Gourdan. On couchait dans une cabane en bois, avec un peu de papier goudronné. On se l’était faite. L’été il faisait chaud, on dirait un four puis l’hiver, à partir de novembre, c’était une glacière. On faisait le feu par terre, pour cuisiner, mais pas longtemps… des pâtes, un peu de sauce, cinq minutes.

Cabane de bûcherons, Haute-Tinée, fin XIXe siècle. Fonds Berard, musée du palais Lascaris, ville de Nice.

Tous les samedis, on descendait à Entrevaux pour faire les provisions. Le dimanche, on attendait vers 10 heures, puis, on allait voir le patron, pour nous entendre dire qu’il n’avait pas de sous. Les journées sont longues, les muscles se tétanisent à force d’entraîner dans un va-et-vient infernal la trompeliero, la scie passe-partout. L’arbre abattu, la ramure est débutée à la hache. Puis on l’écorce avant de l’atteler à une mule pour le débarder.

Carte postale Muraire.

tronço : thermique à deux hommes, PKK premiers modèles et deux dernières, stihl et sa copine

12. Scieurs de long

Léon et Louis Rancurel, scieurs de long, Péone, fin du XXe siècle. Fonds Gilbert Boulay.

Cette technique, antérieure au XIVe siècle, laisse peu de traces dans les archives, à l’exception d’un charpentier de Guillaumes, qui fournit en 1483 des planches de mélèzes. Elle perdure toutefois jusqu’au milieu du XXe siècle pour des besoins domestiques. Le sciage est effectué en forêt, lors de campagnes hivernales, aussitôt après l’abattage des arbres. Même si le façonnage revient plus cher, les bois sciés à la main sont réputés de meilleures qualité que ceux sciés mécaniquement parce que plus réguliers et mieux conditionnés d’autant qu’ils ne sont pas charriés et dégradés par le flottage. Les scieurs forment de petites équipes, entre 2 et 8 ouvriers, comptant souvent des membres d’une même famille et généralement originaires de la commune dans lequel se trouve la forêt. Ils peuvent être recrutés par un entrepreneur qualifié de maestro resciatore ou par un négociant propriétaire de la coupe. Ils sont dans ce dernier cas dirigé par un contremaître. Le tronc est placé sur des chevalets. Les scieurs travaillent par paire à l’aide d’une scie de long, un placé sous le tronc et l’autre au-dessus. Les ouvriers sont payés à la pièce par douzaine de planches et peuvent percevoir une partie de leur salaire en nature (fromage, polenta, riz, stockfish, tabac…). Ils sont logés sommairement dans des baraques édifiés sur les chantiers de coupes ou dans les auberges à proximité. De violents conflits éclatent lorsque les ouvriers ont affaires à des négociants peu scrupuleux qui les exploitent. La raison, l’équité, l’humanité, la justice, exigent que n’importe quel ouvrier qui travaille doit être payé de sa sueur. (texte de revendications de 6 scieurs originaires de Coraze envers un entrepreneur, Valentino Penasse). Au XIXe siècle, la production des scieurs de longs talonne encore celle des scieries hydrauliques : 14400 planches sciées à Marie en 1833 et 837 poutres façonnées à Utelle en 1840.

scie de long

13. Scieries Hydrauliques

Dès la fin du Moyen Âge, la richesse forestière des Alpes-Maritimes suscite la convoitise des marchands. Une partie des bois abattus (mélèzes, sapins, épicéas) est dirigée vers Nice puis réexportée vers des destinations plus lointaines. Le sciage peut se faire manuel en forêt. Mais au début du XIVe siècle, des scies hydrauliques sont construites dans la Vésubie. Avec l’exploitation intensive des forêts communales à partir du milieu du XVIIIe siècle les scieries se multiplient dans les vallées alpines, et dans la plaine du Var, où les bois flottés sont acheminés.

Scie hydraulique, dessin de Villard de Honnecourt, vers 1230, Coll. BNF.

Construire une scierie représente des investissements énormes. L’achat des terrains, l’établissement d’un canal d’amenée de l’eau, les travaux d’installation, la mécanique, dont la roue hydraulique et l’entretien de l’outillage… La plupart sont aux mains d’un petit nombre de négociants fortunés, qui s’ils ne les exploitent pas directement les louent au prorata du rendement. 37,5 centimes la douzaine pour des planches de 10 palmes (2,62m).

Dans la basse vallée du Var, l’activité des scieries est soumise aux caprices du fleuve. Les prises d’eau sont détruites et les usines sont périodiquement inondées. Et l’été lorsque le niveau baisse les scies sont à l’arrêt ! Scierie du Paillon. Jacques Giaud. Coll. Particulière.

Scierie hydraulique près de Saint-Martin-Vésubie, vers 1890. Clichés Anonymes, Album Andreani. Bibliothèque de Cessole, Nice. (p.45) Scierie à Saint-Martin-Vésubie, 1899. Cliché Victor de Cessole, n°1471. Bibliothèque de Cessole, Nice (p.49)

moteur Bernard et sa scie

Scie hydraulique actionnée par une bielle. Dessin de FR ? du G. Martini vers 1470. Trattato du architettura civile et militare. Bibl. apostolicavaticana.

14. L’usine de meubles Brouchier

Portrait de Casimir Brouchier. Coll. Brouchier.

Joseph-Antoine Brouchier installe sa menuiserie au quartier de la Clue dans les années 1840. Le canal entraîne une roue verticale qui assure l’entraînement d’une scie à bois. Casimir succède à son père et agrandit l’entreprise de meubles. Les noyers, lui assurent une production de qualité. Il aménage un entrepôt de vente à Nice et s’enrichit avec la clientèle de villégiature et les établissements hôteliers en pleine expansion sur le littoral. En 1897, les forêts à proximité du village ne lui suffisent plus. L’entrepreneur, fait pratiquer des coupes dans les forêts de Saint-Pierre, d’Entrevaux, d’Annot et de Beuil. En 1906, il fait construire l’usine du Sarret sur la rive droite du Var, avec un canal pour alimenter une turbine électrique qui entraîne ses machines et assure l’éclairage public. L’usine va employer jusqu’à 200 ouvriers travaillant jour et nuit. Cependant un violent incendie ravage l’usine le soir du 9 novembre 1910.

Usine Casimir Brouchier, début XXe siècle, Coll. Roudoule.

L’usine est reconstruite. La production de mobilier classique perdure de la coupe jusqu’au vernissage. Pierre succède à Marius qui engage un architecte pour réaliser des meubles contemporains. Au début la Seconde guerre Mondiale, les femmes Pugétoises travaillent à poser des charnières sur les caisses de munitions.

Marius Brouchier entouré d’employés, 1er quart du XXe siècle. Coll. Brouchier. Le 3 mai 1944, les efforts de la famille sont une nouvelle fois anéantis. Ce jour-là deux officiers allemands sont abattus au Breuil, non loin de Puget-Théniers. En représailles la Wehrmacht incendie l’usine. Après-guerre, un industriel lyonnais, Edmond Burin et un niçois Maurice Saulnier s’associent à la famille pour relancer l’entreprise. En 1958, M. Poirier annonce la réouverture de l’usine de meubles « Au Vieux Chêne ». Paternaliste, l’entrepreneur fait construire un grand immeuble communément appelé « Blanche Neige » pour loger les employés. Un déboire électoral local a conduit M. Poirier, vexé à abandonner son activité à Puget-Théniers. Immeuble Poirier dit « Blanche Neige », fin du XXe siècle. Fonds Marie-Jeanne Belleudy.

établi de menuiserie

15. Le bois de construction

Les Laves, hameau de Barels, dessin J-B Héron, 2004. Le mélèze domine : bardeaux sur les toits, poteaux porteurs, balcons et ossature en pan de bois pour la maison au centre du hameau.

Le mélèze est l’essence la plus recherchée pour la construction en montagne. Il est imputrescible et très résistant aux intempéries. Mais à Barels, on a aussi découvert des poutres en tilleul, en frêne et en tremble datant du XVIIIe siècle.

Sousta (abri) à la toiture en mélèze, hameau de Barels, 2001. Coll. Roudoule

Le mode de construction le plus ancien semble celui des troncs empilés et emboîtés (en mailles ou blockbau) attesté dès le milieu du XIIe siècle, sur un embasement de pierre sèche. Par la suite cette technique a connu une évolution avec l’équarrissage des troncs prenant l’aspect de poutre. Les toits des maisons de montagne sont conçus pour résister au poids de la neige. Les pentes en sont accentuées pour qu’elle ne s’accumule par sur une trop grande épaisseur. Ils doivent aussi résister à la force du vent et certaines couvertures bénéficient d’une clef, où s’entrecroisent deux longerons cloués à une des poutres soutenant le plancher. Turini, montage d’une baraque par le génie, juillet 1905. Fonds Muraire. Schéma d’une charpente légère à chevrons croisés. Cette variante est fréquente sur les petits bâtiments et a précédé dans le temps la charpente à ferme et à poinçon. 1. Panneaux faîtières. 2. Chevrons, 3. Pannes, 4. Bardeau de mélèze, 5. Panneau sablière, 6. Tirant. Dessin de Paul Raybaut et Michel Perréard. Charpente, hameau du Serre, Barels. A : chevron de noue, B : arêtier, C : chevron-arbalétrier. Coll. Roudoule.

Dans le Haut-Var, les toits étaient généralement couverts de bardeaux de mélèze. Ils se recouvrent les uns et les autres et sont cloués sur des lattes. Ils sont creusés d’une rigole destinée à faciliter l’écoulement des eaux de pluie. Au faîtage, les bardeaux d’un pan dépassent pour se superposer à ceux de l’autre versant. Certains à espaces réguliers ont une excroissance en forme de losange. Il s’agit d’un point d’amarrage pour une corde servant aux travaux d’entretien de la toiture. En bordure, sur les habitations, les gouttières sont creusées à la gouge dans un tronc. Les granges, sont fermées à l’étage par des claustra composés de grumes de faible section, maintenus entre deux glissières verticales. Ils sont espacés pour ventiler le foin.

gouge, herminette, vrille

Conception

  • Commissariat de l’exposition : Philippe Thomassin assisté de Flore Benisty
  • Médiation numérique : Flore Benisty

Contributions et remerciements

  • Archives départementales des Alpes-Maritimes
  • Bibliothèque de Cessole, Ville de Nice.
  • Maison-Musée du Haut-Verdon
  • Musée du Palais Lascaris, Ville de Nice.
  • Office National des Forêts
  • Xavier Beaucornut
  • Jean-Louis Edouard
  • Jean-Loup Fontana
  • Michel Graniou
  • Salah Lahmar
  • David Maurin
  • Jean-Marc Muraire
  • Daniel Pasadena
  • François Riberi
  • Jean-Pierre Scellato
  • Léo Thubin
  • Les bénévoles (Jacqueline Drogoul, Monique et Jacky Cosson, James Vard, Katy Werny)

Exposition réalisée avec le soutien du Ministère de la Culture et du Département des Alpes-Maritimes et de la Mairie de Puget-Rostang.